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Vœux pour l’année nouvelle 2006 (montage sonore)

dimanche 1er janvier 2006

Mon premier collage sonore, réalisé pour les vœux de nouvel an en janvier 2006, en clin d’œil à l’ami ClM. 

Malicorne
Groupe de folk français, disque Almanach, 1989, chanson "Salut à la compagnie" [chanson type "le guillaneu - Gui l’an neuf" ou "la part à Dieu"], trad. arrangement Malicorne

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Charlie Haden
LIBERATION MUSIC ORCHESTRA ; jazz, New-York, "The Ballad of the Fallen" - ECM 811546, 1984 [Chants de la Guerre d’Espagne], morceau "If You Want To Write Me"

Charlie Haden & Carla Bley : Arrangement
Paul Motian  : Percussion, Drums
Steve Sagle  : Clarinet, Sax (Soprano), Sax (Alto), Flute
Gary Valente  : Trombone
Roberto Masotti  : Photography
Barbara Wojirsch : Design
Carla Bley  : Piano, Arranger, Glockenspiel, Performer
Steve Slagle  : Clarinet, Flute, Sax (Soprano), Sax (Alto)
Manfred Eicher  : Producer
Sharon Freeman  : French Horn
Mick Goodrick  : Guitar
Charlie Haden  : Bass, Main Performer, Performer, Liner Notes
Jack Jeffers  : Tuba
Don Cherry  : Trumpet (Pocket), Pocket Trumpet
Michael Mantler  : Trumpet
Jim Pepper  : Flute, Sax (Tenor), Sax (Soprano)
Dewey Redman  : Sax (Tenor)

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Chanson "Si me quieres escribir", anonyme adaptée d’une traditionnelle, Guerre civile espagnole, source incertaine [enregistrement 1956 ?, par des républicains espagnols anonymes exilés en Argentine ?]. Circulation dans circuits militants par copies cassettes audios et depuis 2002 (?) téléchargement Internet.

Une anecdote ethnographique réflexive à propos des vœux de bonne année

Dans les années soixante, à Autrans, dans les montagnes du Vercors, où j’ai passé une partie de mon enfance, les villageois disaient que cela portait malheur de ne pas préciser ses vœux, parce que c’était tenter le diable (le malin, le mauvais, le démon…) et lui donner l’occasion de compléter… Alors mes parents et nous, les enfants (4 dans la fratrie à l’époque, trois filles et un garçon), gens de la ville, lorsque nous faisions la tournée rituelle du jour de l’an, de ferme en ferme, nous répétions : tous mes vœux de bonheur, de prompt rétabliessement, de réussite, d’amour, de bon travail, de clémence, de prospérité, de paix, de santé, de succès, de fertilité (celui-là, vraiment était le plus très rigolo). Nous rivalisions de mots savants, et nous obtenions en échange l’admiration de nos copains paysans dont nous partagions les jeux (ski et vélo). Pour les personnes en deuil, il fallait dire à la place de bonne année « surtout meilleure que l’an passé ».
Les mères offraient des tranches de brioche fourrée de pralines roses gluantes, trempées dans du vin de noix doux, qui coloraient les lèvres. Mes parents apportaient parfois de la Clairette de Die, du Pinaud des Charentes (région d’origine de ma famille), ou des noix et dattes fourrés de pâte d’amandes rose et verte.
Ma sœur benjamine confondit longtemps « prospérité » avec « propreté », ce qui nous faisait bien rire. Les paysans ne disaient jamais prospérité, ni même fertilité, ils se souhaitaient « beaucoup de veaux », des « cochons bien gras », des « bonnes récoltes ». A ma mère, ils disaient « un beau jardin » - nous avions un potager- ou « de belles portées de lapins et beaucoup d’œufs » - nous avions des lapins et des poules ; et parfois même, en s’adressant alors à mon père : « des filles bien mariées », ce qui pour mes sœurs et moi était très étonnant, car nous savions que notre futur immédiat n’était fait ni de mariage ni d’enfant, mais d’études…
Ce mariage ne nous était jamais souhaité par nos parents, alliés et amis qui nous adressaient des vœux de réussite scolaire ou de gentillesse - car nous avions la réputation d’être des enfants terribles et ma mère une pauvre femme méritante malade et débordée.
A Autrans, surtout, il fallait toujours rajouter à la fin des échanges « à la grâce de Dieu ». Seule exception, pour les très vieilles personnes, ou pour les gens très malades sans espoir d’amélioration [on dirait aujourd’hui en « phase terminale »], il ne fallait pas faire de vœu spécifié, il fallait juste dire « tous mes vœux, et que Dieu l’accompagne (ou l’assiste) ».
Quand nous finissions la tournée, il faisait nuit depuis longtemps, mon père portait la lanterne, et nous pataugions dans la neige (les fermes étaient dispersées, et les chemins mal déblayés et en ces temps d’avant le changement climatique, il neigeait souvent pour la Noël), un peu saouls sans doute, car ma mère n’avait pas réussi à nous empêcher de trinquer « juste une petite lichette, ça fait pas de mal, allez, c’est le jour de l’An » (d’habitude, nous étions interdits d’alcool). Nous chantions des chants de Noël et « De bon matin », c’était des moments heureux.

Le reste de l’année, quand l’occasion de faire un vœu se présentait (étoile filante, première fois, pièces dans les fontaines), il fallait le formuler précisément, et surtout ne pas le dire publiquement, sinon ça ne marcherait pas.

Ce système d’échanges de vœux pourrait s’énoncer ainsi, peut-être : ce que je me souhaite à moi-même - échange direct avec Dieu- doit être secret, mais ce que me souhaite l’autre, échanges entre humains, doit m’être énoncé clairement, pour me prémunir de ses mauvaises pensées et de ses souhaits potentiellement mortifères et dangereux (la part du diable).

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