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Bien réussir le Rapport d’activités scientifiques d’un laboratoire CNRS : trucs et astuces des temps anciens

lundi 16 janvier 2012, par Eliane Daphy

Avertissement

Ceci est une texte de fiction. Toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé serait entièrement fortuite et indépendante de la volonté de l’auteure, qui ayant été hors-statut jusqu’en 2002 ne connait rien à la production des rapports scientifiques d’activités, telle qu’elle se pratique dans des laboratoires ; en effet, la production de ces rapports est toujours prise en charge par les personnels statutaires.
Il va sans dire que les trucs et astuces qui suivent sont entièrement inventés. Ce type de rapport d’activités ne saurait exister : les directeurs de laboratoires CNRS sont tous très attentifs à une rédaction scrupuleuse et honnête de ces documents. Il est également évident que les membres du Comité national du CNRS, élus et nommés, chargés de l’évaluation dite "par les pairs", ne sauraient tolérer que de tel abus existent…

C’est une histoire d’avant le temps de l’AERES-Pécresse, devenue un autre machin-Fioraso dont il est inutile de mentionner le nom en ce jour de janvier 2014, puisque le machin n’est pas en état de fonctionnement.

En ces temps-là…

Tous les quatre ans, les laboratoires du CNRS, laboratoires "propres" (ie 100% CNRS UPR) et laboratoires mixtes (associés à l’université UMR) doivent réaliser un "rapport d’activités à quatre ans", dit "quadriennal". Ce rapport, organisé en deux parties "bilans" et "perspectives" sert de base à l’évaluation du laboratoire, par le Comité national de la recherche scientifique. Evaluation dont dépend le renouvellement (reconduction) du laboratoire…

Voici petits petits trucs et astuces, qui facilitent la réalisation de ce document administratif.

1) Ne pas tenir compte dans le "bilan" de la partie "perspectives" du précédent rapport. Cela permet de recycler dans le nouveau rapport ces projets qui étaient mentionnés dans le précédent, de nouveau présentés dans la partie "perspective", en insistant sur leur importance novatrice. Ce petit truc est valable autant pour les projets collectifs qu’individuels. Il est inconvenant d’expliquer les raisons pour lesquelles un projet n’a pas été mené à bien, et doit être poursuivi.

2) Pour la partie "références" (publications, communications), ne pas hésiter à jouer avec les dates, et à reprendre des publications du précédent rapport.
Les dates de remise du rapport (novembre ou juillet) permettent de rendre crédible cette petite astuce, en jouant sur les marges. Exemple : le rapport précédent a été remis en novembre 2002 ; le nouveau rapport, remis en novembre 2006, peut comporter quelques références 2002 ; la reprise de publication déjà consignées dans le rapport précédent permet d’augmenter d’environ 5 à 10% le nombre des publications.

3) Pour des publications dont le nombre de pages peut sembler faible (articles de 1 à 3 pages), il est préférable de ne pas indiquer la pagination.

4) On peut valoriser facilement certaines publications : par exemple, transformer une "traduction d’article" en "article", ou transformer un "compte-rendu d’ouvrage" en "article". Cette astuce est particulièrement utile pour les revues de rang A.

5) Référencer des articles "à paraitre" et/ou des projets d’articles de manière assez floue pour que le lecteur ne comprenne pas qu’il ne s’agit pas de références publiées - existantes sur le papier. Pour les communications, donner des références de séminaires ou de colloques à l’étranger (préciser que l’on a fait la communication dans la langue du pays est un petit plus).

6) Il arrive parfois que des changements de personnels soient intervenus. Il est alors possible de rajouter (ou d’enlever) quelques activités du personnel ayant changé de laboratoire. Il est fort d’utile d’intégrer quelques semaines avant le rapport un chercheur hors-statut publiant, afin de consigner toutes ses publications des quatre années précédentes.

7) Il est préférable de ne pas présenter le bilan et les perspectives des activités des personnels ingénieurs (particulièrement dans des laboratoires SHS) ; ne pas spécifier qui prend en charge les tâches collectives permet d’éviter de mettre en évidence le statut de ceux et celles qui les réalisent (hors-statut, vacataires, bénévoles…) ou la répartition de ces tâches entre les personnels affectés statutairement à l’unité. Cela permet aux ingénieurs d’avoir comme activité principale au service du laboratoire la rédaction de leur thèse, ou d’écrire des bouquins sans aucun rapport avec les activités scientifiques du laboratoire.

8) Compter parmi les personnels statutaires CNRS les retraités non-émérites publiant, sans mentionner qu’ils sont retraités (honoraires).

9) Concernant le bilan des formations suivies par les membres du laboratoire, ne pas préciser leur durée (ce qui permet de mettre sur le même niveau une formation intensive de plusieurs semaines, et une formation d’une demi-journée). Au cas où un personnel aurait réalisé certaines tâches collectives sans formation (par exemple, un site web), ne pas hésiter à lui rajouter des stages dans le domaine, pour montrer que le personnel est bien traité, et qu’il est soutenu dans son travail. Intégrer dans le rapport le futur plan de formation n’est pas conseillé. Ne pas préciser qui est le correspondant formation du laboratoire.

10) Eviter de préciser la durée des missions, et/ou l’origine de leur financement. Cela permet de montrer que les crédits du laboratoire sont partagés de façon égalitaire entre les différents membres.

11) Au cas où un chercheur aurait réalisé depuis plusieurs années des missions régulières à l’étranger n’ayant pas donné lieu à des publications, insister dans le bilan et les perspectives sur l’intérêt de son travail et sur les résultats qui seront un jour publiés ; ce petit truc permet ensuite de réclamer des augmentations du budget du laboratoire, pour que le chercheur puisse continuer son enquête (en ethnologie, les enquêtes de très longues durées sont nécessaires).

12) Présenter un bilan financier incomplet (par exemple, ne pas faire le bilan financier de la dernière année ou de la première).

13) Attribuer les productions d’un membre à un autre.

à compléter…

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