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2008.06.22 - Précairedusavoir : un nouveau blog de chercheur hors-statut en colère

dimanche 22 juin 2008, par Eliane Daphy

Le texte de présentation est le suivant

« J’ouvre ce blog aux intellos précaires, ouvriers du savoir, aux non-titulaires-en-attente-de-mieux, aux titulaires-qui-sont passés par là, aux esclaves des mandarins, aux Lupen de « l’intelligence ». Je souhaite relever la tête, recueillir des témoignages, pour créer un dialogue, élaborer un réseau de solidarité, pour dépasser la concurrence de chacun contre chacun, cette guérilla idéologique individuelle qui ne mène nulle part... »

http://precairedusavoir.over-blog.com/

Je me sens très concernée, en tant que "titulaire étant passée par là". Entrée au CNRS en 2002 à cinquante ans, comme ingénieure d’études 2e classe, titularisée en 2003 comme fonctionnaire, même si je travaille jusqu’à 67 ou 68 ans, j’aurais de toutes façons passé la majorité de mon temps de travail comme précaire. De 1978, date de mon DEA [soit aujourd’hui M2], à 26 ans, à 2002. Et même avant 1978, puisque j’ai travaillé pendant mes études universitaires…

Précaire un jour, précaire toujours : telle est la dérisionnante boutade que j’emploie souvent. La précarité colle à ma peau, elle m’a construite, je me suis construite dedans. De travers, toute tordue. Mon intégration tardive continue chaque mois à me rappeler le passé : le traitement est minable, du moins en comparaison avec les titulaires de ma génération ayant intégré à 30 ou 35 ans, puisque dans la fonction publique, l’évolution de carrière est en majeure partie liée à l’ancienneté. Je vis les problèmes des "jeunes entrants"… Aucune reconstitution de carrière par le CNRS (en cours d’étude depuis aôut 2003) ; je sais que mon "cas" ennuie fort les services "ressources humaines" de la délégation du CNRS qui a en charge le dossier. Comment vont-ils calculer mon ancienneté, mes bons et loyaux services dans la recherche et l’enseignement supérieur ? Comment le CNRS va-t-il intégrer dans mon ancienneté tout ce que j’ai fait en étant payée au black, par exemple sur missions par mon ancien laboratoire ? Productions dont les preuves sont bien visibles, désormais, sur mon site et sur HAL en archives ouvertes ?

Mon site est référencé dans les liens de ce nouveau site, avec ce commentaire « Eliane Daphy je suis loin de partager ses positions mais ses textes valent le coup d’oeil... »

Je suis curieuse d’apprendre en quoi cette précaire ne partage pas mes positions, et lesquelles…

Quelques éléments de réponses dans les forums des articles, par "Anonyme", ce message : « Depuis le blog de l’Academic pride, je me méfie de l’apparition de nouveaux sbires de SLR, es-tu de ceux-la ?
peux-tu donner quelques indications sur toi, même si dans le jeu des dénonciations de ce qui ne va pas dans l’université et la recherche, le non anonymat peut nuire à la carrière (même si ce genre de carrière, on est de plus en plus nombreux à s’en foutre)... »

Nouveaux scribes de SLR sur le site (et non le blog) de l’Academic : quelque chose me dit que c’est de moi qu’il s’agit. Et sous ces messages anonymes (sur le site de l’Academic, sur le site de SLR, sur mon site… et avant, sur le site des Assises de l’ethnologie), j’ai de plus en plus souvent l’impression que se cachent des gens pas très clairs dans leurs manières de penser - ce qui m’est compréhensible, car le mode de vie imposé par la situations de hors-statut ne facilite pas l’analyse politique. Mais surtout des gens qui sous prétexte de provocation, et sous couvert de l’anonymat, pratique la désinformation.

En quoi serait-il une réponse adaptée pour les hors-statut de se méfier des scribes de SLR ? Le Conseil d’administration de SLR est composée de statutaires -certes- mais très différents dans leurs pratiques et leurs convictions. Certes, certains membres du CA occupent des positions de pouvoir mandarinal, y compris même à l’ANR. Mais au sein du CA de SLR se joue, comme au sein de toutes les instances de pouvoir politique, un rapport de forces entre positions politiques différentes.

J’ai ri, en lisant ce blog, de quelques inexactitudes, comme celle-ci "bibliothécaires invisibles" (en parlant des personnels des laboratoires). Le risque de la précarité est de faire penser que c’est partout pareil dans les laboratoires du CNRS et que le modèle-type du labo CNRS est celui qu’Ego connait. D’autant que le "partout pareil" est un leitmotiv fort pratiqué au sein des laboratoires pourris. Difficile d’admettre que la situation particulière vécue par Ego hors-statut, par exemple dans l’un de ces laboratoires d’ethnologie (section 38) aux graves dysfonctionnements, n’est pas celle vécue par tous les précaires dans tous les laboratoires. Et pourtant. La distanciation et la comparaison sont ici aussi bénéfiques, qui apprennent comment cela se passe ailleurs, dans d’autres laboratoires, dans d’autres disciplines.

Je sais bien que pédaler le nez dans le guidon, en plus sur un terrain en pente, n’est pas la meilleure façon de voir ce qui se passe au loin, sur les plaines verdoyantes du sommet, où se partagent entre favoris du mandarin directeur d’unité les crédits du laboratoire, les bureaux, les missions… Distribution générale des profits entre statutaires, qui souvent publient beaucoup moins que les hors-statuts.

Je termine en répondant à cette phrase (extraite de "SLR t’appelle, jeune chercheur" : « Si SLR organise un rdv de précaires sans titulaires, j’y serais... ». Tout d’abord, "jeune chercheur", il faut que tu saches qu’au sein de SLR, certains camarades -dont moi- luttent avec constance pour que soit définitivement supprimé de nos textes ce qualificatif de "jeune", qui ne correspond pas à la réalité biologique de l’âge des précaires, du moins en SHS. J’ai essayé dans le cadre de l’Academic d’organiser une AG des invisibles, je ne laisse pas tomber, elle aura lieu un jour. Mais elle ne sera pas composée uniquement de non-statutaires, car de mon point de vue, les hors-statuts - en ethnologie encore plus que dans d’autres disciplines, peut-être - ont besoin de s’organiser, de façon autonome, en "collectifs de lutte" structurés, comme ce fut le cas pour les intermittents du spectacle. Mais ils ont aussi besoin d’entendre ce que disent les statutaires qui sont solidaires de précaires, à savoir que ce n’est pas inéluctable, et que ensemble, nous pouvons faire quelque chose pour essayer de changer les choses. Je parle ici par exemple de physiciens, comme Didier Chatenay, qui fût capable de lutter publiquement sur le site des Assises à propos de la non-publication des critères d’évaluation par la section 38, de camarades SLR syndicalistes qui sont prêts à agir collectivement. Pourquoi refuser de dialoguer avec ces camarades ? Si les précaires veulent avant organiser une rencontre interne, c’est à eux de la prendre en charge, en sortant de leur rage individuelle. SLR ne peut organiser une rencontre des précaires sans statutaires. Ou alors, pourquoi pas, adhérez en masse à SLR, et organisez, au sein de l’association, un groupe thématique.

Pourquoi refuser l’idée qu’une solidarité hors-statuts/statutaires pourrait être fructueuse, comme c’est le cas chez les intermittents où les collectifs de précaires bossent avec la CGT spectacles ? Comme ce fut le cas dans les années 1970/1980, quand statutaires et hors-statut ont lutté ensemble - et gagné- pour l’intégration des hors-statuts ?

Messages

  • Rien ne dit dans ce blog qu’il s’agit d’une précaire en éthnologie selon ce que j’ai vu. Bref, je ne crois pas qu’il s’agit uniquement des laboratoires en section 38 dont il s’agit.
    Je comprends entièrement le désarroi de précaires sans appuis institutionnels qui font face au système mandarinal et qui n’est pas le propre des ethnologues.
    Je n’ai pas non plus rencontré beaucoup de statutaires solidaires de précaires. La solidarité s’arrête souvent à une phrase du type : « c’est très difficile pour votre génération ». Résultat : des postes fléchés sont créés pour ceux qui sont proches des mandarins et des laboratoires. Le reste n’ont qu’à se débrouiller. De réels efforts ne sont pas faits des titulaires qui profitent souvent involontairement (probablement) des services loyaux des précaires.
    Vous nous appelez à réagir collectivement. Nous n’avons pas le luxe ni le temps de le faire. Peut-être que les réformes proposées par le gouvernement seront en effet bénéfiques pour nous les hors statuts.

    • 1) Anonyme a écrit : « Rien ne dit dans ce blog qu’il s’agit d’une précaire en éthnologie (sic) selon ce que j’ai vu. »

      elianedaphy répond :
      Anonyme ne sait pas observer. Sur ce nouveau blog, existe un post A propos des recrutements dans la recherche (ici les anthropologues) qui incite à penser que le blog est fait par un.e ethnologue.

      2) Anonyme a écrit : « Je n’ai pas non plus rencontré beaucoup de statutaires solidaires de précaires. »

      elianedaphy répond :
      Je suis désolée pour anonyme, qui visiblement rumine sa rancœur tout seul dans son coin. Les syndicats, SLR et SLU, qui sont en train de se battre de nouveau pour la création de postes de statutaires, comportent de nombreux militants qui essaient de mettre en acte leur solidarité. Dommage pour anonyme qu’il ne connaisse pas ces militants, ce n’est pas pour cela qu’ils n’existent pas.

      3) Anonyme a écrit : « De réels efforts ne sont pas faits des titulaires qui profitent souvent involontairement (probablement) des services loyaux des précaires. »

      elianedaphy répond :
      Je suis curieuse d’avoir des explications concrètes sur les profits que tire des précaires une statutaire solidaire comme moi ? A part des menaces de la part des mandarins en place qui n’apprécient pas mon activisme et me conseillent de fermer ma gueule, je ne vois pas. Merci à anonyme de sortir de ses propos allusifs et de préciser. Scientifiquement.

      4) Anonyme a écrit : « Vous nous appelez à réagir collectivement. Nous n’avons pas le luxe ni le temps de le faire. »

      elianedaphy répond :
      Anonyme ne connait visiblement pas l’histoire des luttes collectives. La lutte collective n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour ne pas se faire écraser. Le temps pour lutter, on peut le trouver, car l’énergie puisée au sein d’une lutte collective rend fort.

      4) Anonyme a écrit : « Peut-être que les réformes proposées par le gouvernement seront en effet bénéfiques pour nous les hors statuts. »

      elianedaphy répond :
      De mon point de vue, anonyme fait ici la preuve de son immense ignorance des nouvelles structurations de la recherche et de l’université, des changements dans le régime chomâge, et même du fonctionnement du monde mandarinal qu’il dénonce (ils y sont déjà, espèce de rigolo, à l’ANR et à l’AERES, ceux que vous dénoncez, fort bien placés, et tout est fait pour qu’ils aient encore plus de pouvoir). Je suis scientifique, donc j’attends avec impatience que anonyme m’explique avec des arguments et pas des "peut-être" en quoi lesdites réformes sont susceptibles d’avoir un effet bénéfique.

      Toutes les informations sur les lois, projets de loi et décrets en cours sur le site de SLR

      elianedaphy suggère aussi l’adhésion à l’UMP, quoique je pense qu’elle est inutile, pour ceux et celles qui ne font pas partie de la très petite famille des proches de Sarkoszy.

      elianedaphy sait aussi que les anonymes diviseurs faisant métier de démobiliser par leurs messages sur les forums, qui se prétendent "provocateurs" et proches de la CNT (usurpation d’identité) ne sont que des petits rigolos.

    • Nous sommes nombreux à le penser, quelques-uns à l’écrire sur nos sites. SLR ignore les précaires ; SLR est une association de mandarins. SLR se limite à convoquer les précaires, pour défiler dans la rue à leurs côtés, quand ils ont besoin de défendre leurs statuts et leurs privilèges. Quand nous écrivons cela, SLR nous répond que ce n’est pas vrai, que les responsables de SLR sont sincères, et que nous, les précaires, sommes incapables de penser correctement notre situation de précaires. SLR nous râbache la solidarité nécessaire.

      Qu’est-ce que la précarité pour SLR ? La question mérite d’être posée. Nous savions déjà que SLR nous appelait « jeunes chercheurs ». Nous pouvons désormais avoir une idée précise et objective de la définition de la précarité selon SLR. Fournie par la vice-présidente de l’association.

      Dans un mail envoyé le premier juillet sur la liste débats de SLR (mail qui a beaucoup circulé, je l’ai reçu d’un collègue précaire qui est sur cette liste), la vice-présidente de l’association écrit dans sa signature :

      « XXX (qui, certes, n’est plus précaire, mais qui essaye pour autant de ne pas oublier ce que c’est....) ».

      Quand une professeure d’université écrit qu’elle n’est « plus » précaire, cela signifie clairement qu’elle a été précaire. Quand une statutaire ancienne précaire écrit qu’elle « essaye de ne pas oublier ce que c’est », c’est une manière de dire qu’elle a vécu les difficultés de la situation des précaires. Une manière d’affirmer la solidarité d’une ex-précaire envers les précaires. Une manière de dire que les difficultés de la précarité s’oubliraient vite, et qu’après l’obtention d’un poste, pour un statutaire, il faut faire un effort pour se souvenir de ce qu’est la précarité.

      Très bien. Nous applaudissons, nous sommes émus. Nous sommes convaincus que SLR a un intérêt véritable pour les précaires, puisque leur vice-présidente a été précaire.

      Comme nous sommes, en tant que précaires, curieux de savoir ce qu’a vécu comme période de précarité la vice-présidente de SLR, et de voir comment elle est arrivée à ne plus être précaire, nous allons regarder sur le site de son laboratoire la trajectoire de la professeure. Pour avoir un exemple autorisé SLR sur « comment sortir de la précarité ».

      Le CV de la vice-présidente de SLR est consultable en ligne sur le site de son laboratoire (http://www.univ-paris13.fr/CEPN/cv_...).
      La réponse à nos questions est donc en ligne, accessible à tout le monde.

      2004 : Professeure des universités
      1994-2004 : Maître de conférences à l’Université
      1992-1993 : A.T.E.R. à l’Université
      1990-1992 : Allocataire- Moniteur
      1989-1990 : Allocataire de recherche à l’Université

      2004 : HDR
      1994 : Doctorat
      1989 : D.E.A.
      1987 : Maîtrise
      1986 : Licence

      Thèse en 2004, intégration 2OO4,
      Dea 1989 (càd M2) - allocataire de recherche, allocataire-moniteur, puis Ater pendant son doctorat (4 ans). Thèse en 4 ans et demi. Une année sans allocation (1993-1994). Intégration comme maître de conférences l’année de sa thèse.
      Promotion comme professeure l’année de son HDR.

      Nous connaissons donc maintenant la définition de la « précarité » selon SLR. Une année sans allocation pendant la thèse.

      Quelques questions :
      Combien de doctorants sans allocation ?
      Combien de doctorants font leur thèse en quatre ans et demi, avec quatre ans de rémunération ?
      Combien de doctorants sans allocation qui ne finissent jamais leur thèse ?
      Combien de docteurs qui trouvent un poste à l’université l’année de leur doctorat ?
      Combien de docteurs sans poste qui survivent de petits boulots à temps partiel ?
      Combien de précaires candidats malchanceux qui restent en dehors du système ?
      Combien de maîtres de conférences qui deviennent professeurs l’année de leur HDR ?

      Il me semble que nous avons là une preuve du mépris de SLR envers les précaires. Une preuve de leur ignorance de la réalité de la situation des précaires. Une preuve de la suffisance de leurs responsables.

      Nous pouvons constater leur aveuglement, nous voyons bien qu’ils ne feront rien pour analyser les magouilles d’un système qui leur a fournis leurs places confortables.

      Pour ma part, je ne me battrai pas aux côtés de privilégiés qui ont une telle définition de la précarité.

      Eliane Daphy va-t-elle censurer ce message, comme elle l’a fait pour mon message précédent qui traitait déjà de cette question ? Va-t-elle une fois de plus me répondre que les responsables de SLR sont sincères, que la solution pour les précaires est de lutter avec eux ?

      Eliane, je te le demande en toute amitié : aurais-tu perdu tes capacités d’analyse et de révolte, parce que tu fais désormais partie des responsables de SLR ? Vas-tu continuer à censurer des messages sur ton site ? Vas-tu renier ce que tu as vécu, et adopter une définition de la précaires qui exclut la majorité d’entre nous ?

      ton pote le candidat malchanceux

    • Que te répondre, cher candidat malchanceux ?
      D’abord, je dois te dire que j’ai honte d’avoir supprimé ton premier message, parce que j’avais peur des réactions de mes camarades de SLR si je le publiais. Et que je regrette ma lâcheté, parce que la censure n’est jamais une bonne réponse.

      Ensuite, je voudrais te dire que je suis d’accord avec toi : parler des "jeunes chercheurs", c’est bien un déni de la réalité des galériens de l’ESR (Enseignement supérieur et recherche). C’est une manière d’éviter de poser les vraies questions, dont celle de la précarité endémique du sytème, produite par une machine à sélectionner qui sépare les "bons" - les reproducteurs, ceux qui savent comment faire carrière, savoir acquis en dehors de l’université- des "mauvais" - ceux qui galèrent, ceux qui n’intègrent pas. Parce que leur "profil" (origine sociale, trajet…) ne correspond pas aux exigences implicites.

      Que c’est une manière de refuser de poser les vraies questions, celles de l’évaluation, des concours, du népotisme, du localisme, de la pré-sélection en amont. Celle de l’exploitation.

      Je voudrais te dire aussi que je n’oublie pas ce que j’ai vécu comme précaire, que je sais que vous êtes aujourd’hui des milliers à vivre cette situation, dans l’indifférence générale. Des milliers dans les laboratoires, des milliers de chargés de cours dans des universités ou des formations post-bacs, des milliers de doctorants sans allocation. Et même, des milliers d’ingénieures d’études 2e classe ou de techniciennes sous-classées. Invisibles qui font tourner la machine, pour le plus grand profit de ceux qui y occupent les très rares bonnes places.

      Je voulais te dire aussi que de mon point de vue, tu critiques avec raison la définition de la précarité selon la VP de SLR. C’est consternant de constater qu’une personne (qui plus est occupant un poste de leader dans SLR), ayant vécu une seule année sans revenus durant sa carrière (brillante et exemplaire), puisse se considérer comme une ex-précaire.

      Je voulais te dire aussi que j’ai compris dernièrement que la précarité était définie pour certains camarades SLR sur la base de leur expérience subjective, et non sur une analyse objective et distanciée du réel. Et qu’à leur manière, ces camarades parlaient des périodes de leurs vies qu’ils avaient vécu comme une souffrance ; et qu’ils étaient sincères dans leurs discours. Une année sans allocation, cela peut-être une grande blessure. Même si, objectivement, cela n’est pas vraiment la même précarité que celle que vivent les sans poste, en comparaison avec leur situation de précaires longue durée, ou de doctorants sans allocation. C’est une question d’origine sociale, de trajet. D’impossibilité de se mettre à la place de l’autre, de comprendre, d’analyser.
      Je suis lucide, et je sais bien en ethnologue que leur attitude est de l’égocentrisme, et comme l’est tout autocentrisme, elle leur procure confort et sécurité. Que c’est une négation de la réalité, un manque de distanciation. Une manière dont les dominants imposent aux dominants la légitimité de leur point de vue, et donc de leurs positions. Que cette attitude de déni est impossible à accepter, de la part de ceux qui sont objectivement en train de ramer dans la galère, avec des problèmes de fins de mois, de loyers, de survie au jour le jour. Et même de la part de ceux qui ont vécu la précarité.

      Je ne te dirai pas aujourd’hui que la solution est de lutter aux côtés de SLR, car j’ai perdu ce bel optimisme qui m’animait ces derniers temps. Je pense toujours que la lutte collective serait la seule manière de s’en sortir, ensemble. Par exemple, en demandant un plan d’intégration des sans postes. Mais je doute fort que ce soit là un objectif partageable par les statutaires (syndicats et SLR). Il leur faudrait pour arriver à cette position politique admettre qu’ils ont supporté depuis des années une situation, sans rien voir, sans rien faire. Reconnaitre leurs responsabilités collectives. Il est plus facile de faire retomber la faute sur l’ANR et ses contrats CDD, et donc de proposer uniquement de lutter pour « les jeunes chercheurs ».

      Je te souhaite bon courage dans ta lutte au quotidien.

    • En réaction à Candidat Malchanceux, on peut aussi ajouter que cette précaire a sans doute, au vu de son parcours, bénéficié des allocations chômage lors de son année de précarité, même si ces allocations sont bien inférieures à un réel salaire, elles assurent une certaine sécurité.

      Et en tant que candidate malchanceuse, je n’ai pu m’empêcher de noter, à la lecture du CV, le recrutement en local à l’issue de la thèse... :)

      Toutes les réactions publiées ici ou là par la SLR ou les précaires, toutes les discussions menées ou entendues ici ou là me confortent au moins dans une certitude : finalement la précarisation des chercheurs est sans doute le meilleur moyen d’en décourager le plus grand nombre à poursuivre. C’est sans doute ce que vise le gouvernement mais je ne comprends pas que les chercheurs eux-même acceptent ainsi de façonner le futur monde de la recherche scientifique. Les bons étudiants ne veulent plus faire de thèse, les bons docteurs partent à l’étranger ou renoncent... Qui reste ? Des courtisans serviles qu’on pourra recruter en local ? Des gens qui ne peuvent faire autre chose et sont prêts à sacrifier une dizaine d’annes de leur vie personnelle ?

      Pandore

      Voir en ligne : Academic shame

    • Excellent, le coup du localisme. Je pensais que SLR dénonçait cette ignominie dans les concours ? Je vais chercher sur leur site, je trouverai bien un message sur ce sujet : "le localisme, c’est pas bien du tout".
      Ca doit être comme pour l’ANR. SLR dénonce : « ouh que c’est pas bien, l’ANR, ça crée de la précarité, nous sommes contre », et pendant ce temps-là, un de leurs chefs dirige un projet ANR ! On se marre.

      Ce sont des vrais rigolos, ces gens de SLR. Ils ne sont pas gênés par leurs contradictions.

      SLR te convoque, jeune chercheur : aux côtés des responsables ANR SLR, viens dans la rue manifester pour avoir encore plus de précarité, plus de pouvoir aux mandarins.

      Qui sème la misère récolte la colère

      Chercheur sans poste, SLR ne parle pas en mon nom

    • Encore faut il que le message ne soit pas censuré chez SLR (ou ici),
      je n’y poste plus rien.

      En plus tout semble fait pour ne pas s’y retrouver...

      Sinon j’aimerais bien savoir qui de CA de SLR travaille pour l’ARERES ou l’ANR ?

      Assez d’allusions des nom ! des nom !

      VV
      pour les précaires du savoir

    • voir ici, inquiétude pour les Komisions de spécialistes, le CNU se tait étrange non ?

      http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1790

      CPU, CNU même combat ?

      VV

    • Cher VV pour les précaires du savoir

      Epppssss, merci de ne pas interpréter l’histoire sans en avoir les éléments.

      Je n’ai censuré en tout et pour tout depuis l’ouverture de mon site en février 2OO6 qu’un unique message. Le 1er juillet 2008. Un message signé de "candidat malchanceux" qui posait la question de la définition de la précarité selon SLR, suite à la signature de la vice-présidente du CA de SLR dans un mail sur la liste débats (voir messages plus hauts).
      J’ai transmis ce message à mes camarades du Conseil d’administration (CA) de SLR. La réponse collective des camarades SLR du CA -ceux qui se sont exprimés- a été de considérer mon interpellation comme "faute grave inadmissible", "attaque personnelle" ; elle a même provoqué une "demande d’exclusion pour mise en danger de l’association" (un seul mail).

      J’ai pris mes responsabilités, j’ai démissionné du CA de SLR le 3 juillet (en informant les adhérents SLR sur la liste débats). J’étais fort honteuse d’avoir censuré le message de "candidat malchancheux" sur mon site. J’ai validé immédiatement le nouveau message de "candidat malchanceux" sur mon site.

      Comme tu peux le constater, tes deux messages sont en ligne sur mon site, je ne censure rien, (sourire)

      Pour ce qui est du site de SLR, je ne connaissais pas les pratiques de censure (ou de validation tardive, ce qui est tout bien pesé du même ordre). Quand je répondais que les messages n’étaient pas censurés sur le site de SLR, c’était en toute bonne foi, car je pensais vraiment que c’était le cas. Depuis mes réponses affirmant la non-censure, j’ai personnellement expérimenté la validation tardive (deux messages de forum, et un article). J’admets volontiers la stupidité et la naïveté de ces réponses, et je présente mes excuses aux précaires que j’ai blessés en mettant en cause la véracité de leurs dires à propos de la censure sur le site de SLR.
      Sur mon site, je ne censure rien. Ce n’est pas ni ma culture, ni ma déontologie.
      Pour le site de SLR, je ne suis en rien responsable de la censure : je n’ai jamais eu les droits de validation. Merci de réserver vos critiques à ce sujet à ceux qui sont administrateurs du site.

       SLR, ANR et AERES
      Je ne suis pas persuadée que l’action la plus efficace serait de dénoncer les militants SLR qui ont une position ambivalente et contradictoire sur l’ANR et l’AERES. De toutes façons, certaines de ces informations sont accessibles et publiées en ligne, et en cherchant sur un moteur de recherche, avec comme critères nom+ANR (ou +AERES), tu trouveras très rapidement quelques éléments de réponses à ta question.
      Je considère qu’il serait plus productif d’analyser collectivement pourquoi des responsables de SLR arrivent à prendre ce type de positions, et comment ils les justifient. En analysant également les conséquences pour les conditions de travail (et plus loin, pour la recherche), de ces doubles appartenances. Afin que nos propres analyses, qui s’opposent à leurs positions, soient fondées sur des arguments.

       CNU/CPU

      Je considère que l’urgence est triple pour les précaires

      1) se réapproprier le discours sur les précaires, et ne plus laisser autrui parler en notre nom (SLR, SLU, syndicats…). Une première étape est franchi avec l’émergence d’un groupe hors-slr, il faut qu’ensemble nous soyons capables de produire nos propres analyses, et nos propres revendications

      2) faire un état des lieux et une quantification des sans poste qui travaillent pour la recherche et l’enseignement supérieur. Ce sera difficile et long, car tout est fait dans les statistiques officielles et dans les pratiques pour rendre invisibles notre existence. Nous sommes dans la situation de clandestins.

      3) apprendre à connaitre les rouages du système opaque dont nous sommes les perdants ; cela renforcera notre crédibilité, en nous évitant de nous ridiculiser en écrivant des âneries (comme celle que j’ai faite récemment par ignorance que la majeure partie du document "pseudo-confidentiel" Horizon 20020 CNRS était en ligne sur le site du CNRS, et qu’elle avait déjà été votée). De mon point de vue, ce serait plus efficace de mettre en place une formation collective (forme à inventer : ateliers ? université populaire ? … & lieu à trouver : Bourse du travail ?… ) ; je pense qu’il nous sera assez facile de trouver des statutaires qui accepteront de nous aider dans cette tâche. Y compris, pourquoi pas, des SLR collaborateurs AERES et ANR ?

      A bientôt

    • Facile à trouver, c’est dans la page web du professeur, on voit bien qu’il en est très fier.

      http://ceraps.univ-lille2.fr/fr/chercheurs/frederic-sawicki.html

      Frédéric SAWICKI, Professeur de science politique actuellement en délégation au CNRS, Directeur et Membre du CERAPS

      • Directeur de l’URPRESA CRAPS (1999-2001) puis de l’UMR CERAPS (depuis 2002)
      • Membre du conseil scientifique de l’Université Lille 2 (depuis 2005)
      • Membre du comité éditorial de la Revue Politix-Sciences sociales du politique (depuis 1988)
      • Membre du jury du concours national d’agrégation externe de science politique (2008-2009)
      • Membre du comité sectoriel SHS de l’Agence nationale de la recherche (2007-2008)
      • Vice-président du comité de programme "Gouverner-administrer" de l’ANR (2008)

      Questions pour Monsieur le Professeur SLR de l’ANR, membre du CA de SLR depuis 2006 (info sur le site de SLR) :

      Combien de contrat CDD dans ton programme "gouverner" ?
      Combien pour l’ensemble des programmes SHS pendant l’année 2007-2008 ?

      Eliane, je te plains d’avoir été te compromettre avec ces gens puants ! Puants, parce que il n’y a aucune d’explication qui puisse justifier proprement que d’un côté, en militant SLR, un quidam parle de défendre les précaires, pendant que de l’autre, en responsable de l’ANR, le quidam contribue à en embaucher.

      Et comme Professeur ANR est un chef SLR depuis longtemps, n’est-ce-pas la preuve que SLR tient un double langage ?

      Censure ou pas censure ?

    • Non, pas de censure.

      Merci de poster ce type de message sur le site de SLR. Elles sont très bien, ces questions, mais je ne peux y répondre ni à la place du professeur ANR-SLR, ni à la place des responsables de SLR. Fais-donc une lettre ouverte à Alain Trautmann, fondateur du mouvement SLR, à Bertrand Monthubert (président de l’association), à Isabelle This Saint-Jean (vice-présidente). Et ne me réponds pas que ce genre de message sera censuré sur le site de SLR : je n’y peux rien.

      Je ne peux rien répondre à ce genre de mail, sauf répéter mes lamentables : "je ne savais pas, je ne m’étais pas rendu compte". J’ai honte de ce que j’ai écrit en toute bonne foi sur le site SLR, que le CA de SLR n’était pas un club de mandarins. C’est vrai, je pensais que nous étions tous sur la même position anti-ANR, puisque c’était écrit dans les textes de SLR. C’est vrai, je ne savais pas avant d’entrer au CA de SLR qu’il y avait des responsables ANR parmi les chefs de SLR. Je suis comme toi, je ne comprends pas comment on peut justifier les deux positions en même temps (SLR & ANR).
      Je sais qu’en écrivant ma vérité, je confirme que je suis comportée comme une pauvre petite imbécile qui n’avait rien compris.

  • Cher Eliane,
    Tu n’est pas obligé de publier ce texte, je voulais t’écrire un mail car c’est une réponse rapide.

    Je te remercie vivement pour tes encouragements. Je vais prendre le temps de répondre à chacun de tes commentaires sur mon blog. J’ai aussi un petit texte en préparation en réponse au mot de Mr Trautmann.

    Je voulais simplement clarifier quelques points au préalable :

    1) je ne suis pas une anthropologue, j’ai repris un témoignage de Caroline Legrand

    2) j’ai entendu parler d’academic pride le jour même et j’étais alors bien loin "en campagne"

    3) j’ai découvert "l’appel des invisibles" après la fermeture du site.

    4) je n’ai rien avoir avec les attaques que tu a essuyé sur d’autres sites ou forums

    5) je ne pense pas que tu sois un "sbire" ou un "scribe" comme tu veux, de SLR, même si tu appel à y adhérer, et bien que le site d’Académique pride semble un peu rabatteur vers SLR.

    Je pense que tu es sincère et que tu a affaire aux habituels abrutis qui hantent littéralement l’académie et les trolls du net qui sont quelquefois les mêmes. En ce qui concerne les enjeux que tu soulève dans ce texte, je les laisse reposer un peu mais répondrais sous peu...

    bien cordialement

    Voir en ligne : Une réponse provisoire...

    • Voici des divergences
      en complément du blog

      SLR vois la ministre, l’annonce au dernier moment (donc se fiche de ses militants et des précaires de la recherche par la même occasion).
      SLR réclame une recherche qui fonctionne de manière collégiale
      Mais c’est pas vraiment collégiale, sans compter les 3550 personnes qui signent le même jour un appel à quoi ?

      TEXEROLAS

      Voir en ligne : http://precairedusavoir.over-blog.com/

    • « SLR vois la ministre, l’annonce au dernier moment (donc se fiche de ses militants et des précaires de la recherche par la même occasion). SLR réclame une recherche qui fonctionne de manière collégiale Mais c’est pas vraiment collégiale, sans compter les 3550 personnes qui signent le même jour un appel à quoi ? »

      éléments de réponse :
      1) SLR ne rencontre pas la ministre tt seul ; SLR et SLU font partie de la rencontre intersyndicale. L’annonce au dernier moment, car nous sommes en situation d’urgence ; il a été débattu sur la liste des adhérents de ce que SLR devait porter comme message. SLR réclame un plan pour l’emploi pluriannuel (postes statutaires) : je ne vois pas en quoi cette demande est se ficher des précaires de la recherche ?

      2) je ne comprends pas bien la phrase : « Mais c’est pas vraiment collégiale, sans compter les 3550 personnes qui signent le même jour un appel à quoi ? »…

      3) un appel SLR (presque 8000 signataires en quelques heures) qui demande ce plan pluri-annuel pour l’emploi.

    • Y a t’il des non titulaires parmi les délégations SLR/SLU ?

      Si oui, peut on leurs transmettre des éléments de réflexions à défaut de revendications ?

      Qu’en est t’il des libéralités, de la reconnaissance de la thèse, du sous travail pour la recherche dans le calcul des retraites par exemple ?

      A propos de la collégialité, voici un Message qui répond à la question.
      ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
      26 juin 2008, par Pierre Timar

      Le point :1 – Que toute évolution du dispositif de recherche se fasse dans le respect de l’autonomie scientifique et des principes de collégialité et de démocratie des institutions universitaires et de recherche.

      n’est-il déjà mis à mal par les pratiques réelles de ces dernières années ? je vous renvoie à :

      La crise du système d’évaluation scientifique. L. Nottale, Commentaire N° 109, Printemps 2005, pp. 111-116. http://luth2.obspm.fr/ luthier/nottale/arcomment.pdf

      merci de votre réponse
      //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

      bien cordialement,

      TEXEROLAS

    • 1) dans la délégation reçue par la ministre, il y a UN seul représentant SLR : très logiquement, le président de l’association, élu par les membres du CA (conseil d’administration), élus eux-aussi. Idem pour SLU.

      2) pour les libéralités, la reconnaissance de la thèse, aller voir sur le site de SLR (bis). Ou sur le site de SLU. Idem pour la collégialité.

      3) Pour transmettre vos revendications à SLR, ou des éléments de réflexion, il suffit de mettre un message sur le site (bis).

      Je ne réponds plus désormais sur ce site aux questions concernant SLR… Aucune raison de continuer ici ces échanges !

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